lundi 15 mars 2010

Eva Nielsen - Feedback


Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Dominique Fiat, Eva Nielsen (née aux Lilas en 1983, diplômée de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris en 2009 avec Félicitations du Jury) propose une exposition de toiles récentes, issues de plusieurs séries en cours, sous forme d’un paysage imaginaire et d’un état des lieux. Un feedback aussi, comme l’annonce le titre de l’exposition dont le visuel de l’invitation offre à notre regard deux Passagers 2009-2010, prêts à quitter l’atelier pour les cimaises de la galerie. Avec d’autres tableaux, ils vont former, pour un temps, un paysage commun de lieux étonnants, apparemment vides de toute présence humaine. 


Au-delà de son sens usuel, sans doute applicable ici à l’importance que revêt pour une jeune artiste sa première exposition en galerie – état des lieux de ce qui ferait sa « patte » – le terme feedback définit également « un objet contrôlé par la marge d’erreur qui le sépare à un moment donné de l’objectif qu’il cherche à atteindre ». Signification adéquate à la manière très construite d’Eva Nielsen où l’effet rétroactif de la vision donne sens à chaque fois, aux images saisissantes de la création. Couple de panneaux d’affichage perdus dans une désolation désertique Passagers I et II 2009-2010, béance oubliée d’un mur Rivesaltes 2010, bouts de tunnels ouvrant sur des mirages Feedback I et II 2010, fresque de maisons en ruines pour laquelle le format très horizontal fait office d’outil narratif K 2010, machine célibataire en attente d’être activée par des joueurs Témoin 2010 : chaque fois la scène représentée reconstruite par l’artiste à partir de morceaux de réel est partielle, vue à travers un obstacle, une structure, presque un «outil visuel» influant sur la perspective et la répartition des éléments sur la toile. Des images entre paysages et natures mortes, obturées par des objets inertes, où le cul-de-sac de la vision ne signifie pas celui de la pensée. 


Réalisées dans l’atelier d’après motif – là où l’artiste prend des photographies (Sud de la France et de l’Espagne), dessine sur son carnet (aires de jeux de la région parisienne), assemble ensemble des images trouvées (photographies de presse) – ces peintures sont le résultat d’un patient travail de composition et d’esquisses où les différents glacis, couleurs et aplats sont indiqués et précisés, où les zones sérigraphiées tout comme les effets de matière sont clairement délimitées à l’avance. Vues ensemble, elles forment un paysage éminemment contemporain où notre œil aura tôt fait de reconnaître « non-lieux » et territoires en devenir d’avoir déjà trop vécu. Prises séparément, chacune d’elle renseigne sur la dextérité, la malice et la joie qu’éprouve l’artiste à rendre compte du réel par la peinture.











Passager 1, 2009. 200 x 150 cm

Passager 2, 2009. 200 x 150 cm

Mare-Armée, 2010. 200 x 150 cm

K, 2010110 x 300 cm

Feedback, 2010. 115 x 170 cm 

Episode, 2010. 130 x 180 cm

Pour toutes les toiles : huile, acrylique et sérigraphie sur toile



mercredi 17 février 2010

L'art contemporain, un conservart-oire ?

A la lecture d'une brève du Monde (daté du mercredi 17 février 2010) annonçant le décès le 26 janvier dernier de Boa Senior (ci-dessous), dernière personne à parler l’antique langue d'aka-bo sur sa terre natale, les îles Andaman (Inde), et rappelant le rapport publié par l’UNESCO de 2009 mettant en garde contre la disparition de 2 500 langues, me revient en mémoire cette pertinente phrase (page 32) de Nicolas Bourriaud dans Radicant. Pour une esthétique de la globalisation (Denoël, 2009) 
« l'art contemporain [est] un conservatoire des traditions et des identités laminées dans la réalité par la globalisation. »

Lien : http://www.rfi.fr/contenu/20100206-boa-senior-derniere-parler-langue-bo-vient-mourir


Un beau titre ?

Est-ce que c'est analogie à deux dimensions ou une métaphore ?, titre de l'exposition de Rosa Barba au Centre national d'art et de paysage de Vassivière, du 28 février au 4 juillet 2010.

Est-ce que c'est un beau titre à deux dimensions ou une provocation ? La question est ouverte tant le caractère sibyllin d'une telle proposition résonne aux oreilles de l'amateur d'exposition (et ceci, sans remettre en cause le travail de l'artiste ou celui du Centre d'art). On peut s'interroger sur son potentiel attractif...

Lien : www.ciapiledevassiviere.com

dimanche 14 février 2010

Parc d'aventures - Vivarium Studio



Je ne sais plus qui me disait (si, un acteur de la "Compagnie Gwenaël Morin", suite à l'aventure annuelle du Théâtre Permanent aux Laboratoires d'Aubervilliers) que le théâtre et la scène passaient leur temps à s'inspirer de l'art contemporain, ce dont témoigneraient le passage de Gwenaël Morin dans l'atelier de Thomas Hirschhorn et partant son utilisation du scotch et du carton dans les décors de ses mises en scène (bientôt Woyzeck d'après Woyzeck au Théâtre de la Bastille).
Ou ailleurs, la pratique de Sophie Perez et Xavier Boussiron s'inspirant de la figure tutélaire de Louise Bourgeois ou du fonctionnement de l'institution artistique, truffant leurs spectacles de références à l'art contemporain (Enjambe Charles, Bartabas tabasse !, etc.).
Un autre exemple pourrait être les spectacles - plus que les pièces de théâtre - de Philippe Quesne dont La Mélancolie des dragons, actuellement en tournée mondiale (La Mélancolie a été joué lors de Performa 09 à New York à l'automne dernier). 
Ce qui frappe l'amateur d'art contemporain dans ce spectacle mi-burlesque mi-tragique montrant une troupe d'improbables saltimbanques hard-rockers tomber en panne en pleine campagne et présenter à leur ange-gardien, réparateur de voitures, leur spectacle "Parc d'attractions", c'est justement la présence de cette idée du parc d'attractions, si chère aux artistes français post-Esthétique relationnelle Pierre Huyghe et Dominique Gonzalez-Foerster, pour n'en citer que deux. Mais à la différence de ceux de ces artistes (technologiques, déshumanisés, symboliques), le parc d'attraction - et l'utilisation, par exemple, des effets pyrotechniques -  de Vivarium Studio (le nom de la troupe de Philippe Quesne) est fait de bouts de ficelles, de dérisoire, d'humour et de poésie ambiguë. Il est donc étonnant de comparer le traitement d'un thème - le divertissement collectif (qu'on a vu récemment en action pendant Evento, Bordeaux, 2009) - dans deux univers artistiques et d'expression différents.
Il va sans dire que La Mélancolie des dragons est à voir ! Tout comme les autres spectacles de Vivarium Studio.





Photographies du spectacle La Mélancolie des dragons, 2008-2010
© Pierre Grosbois et Martin Argyroglo


Lien : www.vivariumstudio.net

Un beau carton !



Celui de l'exposition
Qualunque Light de Peter Coffin au Crédac, jusqu'au 25 avril 2010.
Lien : www.credac.fr

mercredi 10 février 2010

Keep Going Wiels

Dear All, Cher Tous,

As you might know, WIELS is ongoing serious difficulties to survive.
Express your opinion to our politicians and support WIELS by signing the online petition

Comme vous le savez sans doute, le WIELS est en péril.
Faites vous entendre auprès de nos politiciens et soutenez le WIELS en signant la pétition sur http://www.helpwiels.org/

SPREAD THE WORD AROUND YOU ! PARLEZ EN AUTOUR DE VOUS !

mardi 9 février 2010

A Perfect Film

Jusqu'au 13 mars, l'exposition Is There Anybody Out There ? de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas présente, entre autres oeuvres, la lecture-performance Aïda Sauve-moi. 
« En avril 2006, lors d'une avant-première de notre second long-métrage A Perfect Day, un incident extraordinaire allait bouleverser la sortie du film et résonner étrangement par rapport à tout notre travail. Une suite de disparitions s’ensuivra. Cette lecture performance mesure la distance entre la reconnaissance et la représentation de soi-même et raconte cette aventure qui fait que la fiction a, tout d'un coup, pris l’allure d’un document. » 
Et ailleurs, "La lecture-performance Aida Sauve-moi (2009), dont nous présentons ici une captation filmique, mesure justement le mystère de certaines images et fait écho aux enjeux et aux interrogations déployés dans cette exposition. A travers une extraordinaire histoire “invraisemblable mais vrai” qui nous est arrivée lors de l’avant-première de notre second long métrage, A Perfect Day, au Liban, elle questionne pratiquement toutes les oeuvres qui sont montrées dans l’exposition et au-delà, le principe de reconnaissance, cette action par laquelle on retrouve dans sa mémoire une image, une chose ou une personne quand nous sommes amenés à la revoir."  
Aïda Sauve moi est une fascinante leçon de cinéma et d'art où ce n'est pas tant la fiction qui rattrape la réalité mais la réalité qui rattrape la fiction. Comment incorporer des éléments de réalité dans une fiction, de plus réalisée par des cinéastes-plasticiens, s'inspirant d'une réalité contextuelle et récente ? Comment incorporer dans cette histoire une relecture et mise en perspective de son travail et de ses oeuvres ? 
Pour le savoir, allez-y voir.
Pour poursuivre : www.hadjithomasjoreige.com